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UN SCIENTIFIQUE PREND POSITION SUR L’APRÈS-VIE...
Le Dr Eben Alexander, comme la plupart des scientifiques, avait toujours nié la réalité des expériences de mort imminente (EMI).
Neurochirurgien formé dans les meilleures écoles américaines, il pensait que si les EMI semblent bien réelles, elles ne sont en fait que de simples fantasmes produits par un cerveau en situation de stress extrême.
Pourtant, à la suite d’une maladie rare, le Dr Alexander est plongé dans le coma, en état de mort cérébrale. Au bout de sept jours, alors que ses médecins envisageaient de le « débrancher », ses yeux se sont ouverts. Il était revenu à la vie.
La guérison du Dr Alexander est en soi un miracle médical. Mais le véritable miracle réside ailleurs. Alors que son corps était plongé dans un coma profond, Eben Alexander a voyagé au-delà de ce monde, au sein des niveaux les plus profonds de l’existence supra-physique, et ce qu’il en rapporte est tout simplement... inimaginable !
Pour autant, l’aventure du Dr Alexander n’est pas une fiction. Il démontre, par des faits précis, que la mort du corps et du cerveau n’entraîne pas la fin de la conscience, que l’expérience humaine continue au-delà. Vécu par n’importe qui d’autre, cette histoire serait déjà extraordinaire. Mais le fait qu’elle soit arrivée à un neurochirurgien la rend révolutionnaire. Aucun scientifique ni aucune personne de foi ne pourra l’ignorer.
Extrait de son livre intitulé :
« LA PREUVE DU PARADIS »
Voyage d’un neurochirurgien dans l’après-vie...
« .... Un autre aspect de cette bonne nouvelle est que l’on n’a pas besoin d’approcher la mort pour jeter un regard derrière le voile - mais on doit faire le travail. Apprendre sur ce monde à partir de livres et de conférences est un début - mais au bout du compte, nous devons tous aller profondément dans notre propre conscience, par la prière ou la méditation, pour accéder à ces vérités.
La méditation se présente sous de nombreuses formes différentes. La plus utile pour moi depuis mon coma a été celle développée par Robert A. Monroe, fondateur de l’Institut Monroe à Faber en Virginie. Leur indépendance de toute philosophie dogmatique est un avantage certain. Le seul dogme associé au système d’exercices de méditation de Monroe est : Je suis plus que mon corps physique. Cette simple acceptation a de profondes implications.
Robert Monroe était un producteur de radio à succès dans les années 1950 à New York. Alors qu’il faisait des recherches sur les enregistrements audio utilisés en thérapies du sommeil, il a commencé à vivre des expériences de sortie hors du corps. Ses recherches minutieuses sur plus de quatre décennies ont abouti à un système puissant permettant de faciliter l’exploration profonde de la conscience, fondé sur une technologie audio qu’il a développée sous le nom « d’Hémi-Sync ».
L’Hémi-Sync peut augmenter l’attention sélective et la performance à travers la création d’un état de relaxation. Cependant, l’Hémi-Sync offre bien plus que cela – les états supérieurs de conscience donnent accès à des modes de perception alternatifs, dont la méditation et les états mystiques profonds. L’Hémi-Sync repose sur la physique de la résonance et de la synchronisation des ondes cérébrales, sur leur relation avec la psychologie perceptive et comportementale de la conscience, et avec la physiologie fondamentale du cerveau – esprit et de la conscience.
L’Hémi-Sync utilise différents motifs d’ondes sonores stéréophoniques (de fréquences sensiblement différentes dans chaque oreille) pour induire une activité synchronisée des ondes cérébrales. Ces « battements binauraux » sont générés à une fréquence qui est la différence arithmétique entre les fréquences des deux signaux. En utilisant un système ancien mais très précis dans le tronc cérébral qui permet en principe la localisation des sources sonores dans le plan horizontal autour de la tête, ces battements binauraux peuvent entraîner le système réticulé activateur adjacent, qui fournit des signaux temporels réguliers au thalamus et au cortex, permettant la manifestation de la conscience. Ces signaux génèrent une synchronisation des ondes cérébrales dans la gamme de 1 à 25 hertz (Hz, ou cycles par seconde), y compris la zone cruciale située sous le seuil de l’audition humaine (20 Hz). Cette gamme la plus basse est associée aux ondes cérébrales de type delta (« 4 Hz, normalement observées dans le sommeil profond sans rêve), théta (de 4 à 7 Hz, observées dans la méditation et la relaxation profonde, et dans le sommeil non-REM – mouvements oculaires rapides), et alpha (de7 à 13 Hz, caractéristique du sommeil paradoxal ou REM – associé au rêve -, de l’endormissement et de la relaxation légère).
Dans ma recherche de réponses après mon coma, l’Hémi-Sync m’a potentiellement offert un moyen d’inactiver la fonction de filtre du cerveau humain en synchronisant globalement l’activité électrique de mon néocortex, tout comme ma méningite avait su le faire, pour libérer ma conscience au-delà du corps. Je pense que l’Hémi-Sync m’a permis de retourner dans un monde similaire à celui que j’ai visité pendant mon coma, mais sans avoir besoin de frôler la mort.
Mais tout comme mes rêves de vol lorsque j’étais enfant, il s’agit largement d’un processus consistant à autoriser le voyage à se dérouler – si j’essaie de le forcer, d’y penser trop fort ou d’appliquer le procédé de manière trop intense, cela ne fonctionne pas... ».
Extrait tiré du livre : La preuve du paradis. Voyage d’un neurochirurgien dans l’après-vie.
Dr Eben ALEXANDER
PP 212 à 214
Guy Trédanier, éditeur
(Le titre original anglais est : A Proof of Heaven, a Neurosurgeon Journey into the Afterlife.)
Le Dr Eben Alexander est neurochirurgien depuis vingt-cinq ans, dont quinze ans passés à l’hôpital des femmes et à l’hôpital des enfants de Brigham, anisi qu’à la Faculté de médecine de l’Université Harvard.
Neurochirurgien formé dans les meilleures écoles américaines, il pensait que si les EMI semblent bien réelles, elles ne sont en fait que de simples fantasmes produits par un cerveau en situation de stress extrême.
Pourtant, à la suite d’une maladie rare, le Dr Alexander est plongé dans le coma, en état de mort cérébrale. Au bout de sept jours, alors que ses médecins envisageaient de le « débrancher », ses yeux se sont ouverts. Il était revenu à la vie.
La guérison du Dr Alexander est en soi un miracle médical. Mais le véritable miracle réside ailleurs. Alors que son corps était plongé dans un coma profond, Eben Alexander a voyagé au-delà de ce monde, au sein des niveaux les plus profonds de l’existence supra-physique, et ce qu’il en rapporte est tout simplement... inimaginable !
Pour autant, l’aventure du Dr Alexander n’est pas une fiction. Il démontre, par des faits précis, que la mort du corps et du cerveau n’entraîne pas la fin de la conscience, que l’expérience humaine continue au-delà. Vécu par n’importe qui d’autre, cette histoire serait déjà extraordinaire. Mais le fait qu’elle soit arrivée à un neurochirurgien la rend révolutionnaire. Aucun scientifique ni aucune personne de foi ne pourra l’ignorer.
Extrait de son livre intitulé :
« LA PREUVE DU PARADIS »
Voyage d’un neurochirurgien dans l’après-vie...
« .... Un autre aspect de cette bonne nouvelle est que l’on n’a pas besoin d’approcher la mort pour jeter un regard derrière le voile - mais on doit faire le travail. Apprendre sur ce monde à partir de livres et de conférences est un début - mais au bout du compte, nous devons tous aller profondément dans notre propre conscience, par la prière ou la méditation, pour accéder à ces vérités.
La méditation se présente sous de nombreuses formes différentes. La plus utile pour moi depuis mon coma a été celle développée par Robert A. Monroe, fondateur de l’Institut Monroe à Faber en Virginie. Leur indépendance de toute philosophie dogmatique est un avantage certain. Le seul dogme associé au système d’exercices de méditation de Monroe est : Je suis plus que mon corps physique. Cette simple acceptation a de profondes implications.
Robert Monroe était un producteur de radio à succès dans les années 1950 à New York. Alors qu’il faisait des recherches sur les enregistrements audio utilisés en thérapies du sommeil, il a commencé à vivre des expériences de sortie hors du corps. Ses recherches minutieuses sur plus de quatre décennies ont abouti à un système puissant permettant de faciliter l’exploration profonde de la conscience, fondé sur une technologie audio qu’il a développée sous le nom « d’Hémi-Sync ».
L’Hémi-Sync peut augmenter l’attention sélective et la performance à travers la création d’un état de relaxation. Cependant, l’Hémi-Sync offre bien plus que cela – les états supérieurs de conscience donnent accès à des modes de perception alternatifs, dont la méditation et les états mystiques profonds. L’Hémi-Sync repose sur la physique de la résonance et de la synchronisation des ondes cérébrales, sur leur relation avec la psychologie perceptive et comportementale de la conscience, et avec la physiologie fondamentale du cerveau – esprit et de la conscience.
L’Hémi-Sync utilise différents motifs d’ondes sonores stéréophoniques (de fréquences sensiblement différentes dans chaque oreille) pour induire une activité synchronisée des ondes cérébrales. Ces « battements binauraux » sont générés à une fréquence qui est la différence arithmétique entre les fréquences des deux signaux. En utilisant un système ancien mais très précis dans le tronc cérébral qui permet en principe la localisation des sources sonores dans le plan horizontal autour de la tête, ces battements binauraux peuvent entraîner le système réticulé activateur adjacent, qui fournit des signaux temporels réguliers au thalamus et au cortex, permettant la manifestation de la conscience. Ces signaux génèrent une synchronisation des ondes cérébrales dans la gamme de 1 à 25 hertz (Hz, ou cycles par seconde), y compris la zone cruciale située sous le seuil de l’audition humaine (20 Hz). Cette gamme la plus basse est associée aux ondes cérébrales de type delta (« 4 Hz, normalement observées dans le sommeil profond sans rêve), théta (de 4 à 7 Hz, observées dans la méditation et la relaxation profonde, et dans le sommeil non-REM – mouvements oculaires rapides), et alpha (de7 à 13 Hz, caractéristique du sommeil paradoxal ou REM – associé au rêve -, de l’endormissement et de la relaxation légère).
Dans ma recherche de réponses après mon coma, l’Hémi-Sync m’a potentiellement offert un moyen d’inactiver la fonction de filtre du cerveau humain en synchronisant globalement l’activité électrique de mon néocortex, tout comme ma méningite avait su le faire, pour libérer ma conscience au-delà du corps. Je pense que l’Hémi-Sync m’a permis de retourner dans un monde similaire à celui que j’ai visité pendant mon coma, mais sans avoir besoin de frôler la mort.
Mais tout comme mes rêves de vol lorsque j’étais enfant, il s’agit largement d’un processus consistant à autoriser le voyage à se dérouler – si j’essaie de le forcer, d’y penser trop fort ou d’appliquer le procédé de manière trop intense, cela ne fonctionne pas... ».
Extrait tiré du livre : La preuve du paradis. Voyage d’un neurochirurgien dans l’après-vie.
Dr Eben ALEXANDER
PP 212 à 214
Guy Trédanier, éditeur
(Le titre original anglais est : A Proof of Heaven, a Neurosurgeon Journey into the Afterlife.)
Le Dr Eben Alexander est neurochirurgien depuis vingt-cinq ans, dont quinze ans passés à l’hôpital des femmes et à l’hôpital des enfants de Brigham, anisi qu’à la Faculté de médecine de l’Université Harvard.
ÉTATS D’ESPÉRANCE ÉLARGIS !
Tout au long de sa vie, il a exploré différents états de conscience inhabituels, pendant ses siestes et pendant ses nuits ! Il est devenu un expert souvent consulté dans l’analyse et la compréhension des formes multiples que prennent les expériences dites « paranormales ». Au cours de ses expériences dans d’autres états de conscience, il a vécu toutes sortes d’aventures. Était-il alors encore sur cette terre ou dans d’autres espaces, d’autres dimensions ?
Et maintenant, à près de quatre-vingts ans, il a dû s’interdire ces explorations. Pourtant, elles lui permettraient d’échapper aux douleurs et aux fatigues que sa condition physique actuelle lui impose. Il est privé de la compagnie de sa femme, décédée il y a peu, et bien qu’il sache où la retrouver et que la revoir dans un autre monde l’attire, il ne peut la rejoindre.
Le « GATEWAY VOYAGE » (« PASSAGE » en Français) de Robert Monroe est le stage légendaire consacré à l’exploration des états de conscience élargis.
De vieilles montagnes aux formes arrondies, très vertes nous entourent. Des lambeaux de nuages sont accrochés à leurs flancs, du brouillard dans le fond des vallées que nous dominons. Des bois, des pâturages. Des maisons ici et là. C’est le pays des Indiens séminoles, une chaleur intense et humide, un lac un peu plus bas, un élevage de lamas sur la colline en face, et, à l’intérieur de la maison, le calme, la fraîcheur. Nous sommes loin de Charlottesville, la petite ville la plus proche. Et encore plus loin de Washington où un Greyhound Bus entreprend lentement les deux cents kilomètres qui traversent la Virginie pour atteindre les Blue Ridge Mountains où s’est établi le « MONROE INSTITUTE ».
Les animateurs du stage sont toujours positifs, encourageants, jamais critiques, le plus souvent drôles. Pas de présence obligatoire aux réunions et séances, pas même d’heure, car nous avons tous abandonné montres et réveils dans une boîte en carton au signal du début du cours. Bob Monroe se lève difficilement de son fauteuil, il ébauche le geste de faire claquer ses doigts : le cours commence et avec la perte de nos montres, nous sommes déjà, d’une certaine manière, hors des limites du temps. Le son d’une cloche signale que le repas est prêt.
Le « GATEWAY VOYAGE » de Robert Monroe est le stage légendaire consacré à l’exploration des états de conscience élargis. L’aventure du « GATEWAY VOYAGE » a commencé dans les années soixante-dix à Esalen, la « Mecque » de toutes les expériences californiennes de renouveau psychique et spirituel, de psychologie trans-personnelle, voire de parapsychologie.
Pour ma part, je n’ai encore jamais été en situation de voir d’en haut mon propre corps allongé dans mon lit.
« GATEWAY VOYAGE » ? Pour moi, cela signifie : « Voyage au-delà des portes » ou : « Voyage évasion ». Il y a là un parfum de « Portes des perceptions » de Aldous Huxley, des « Enseignements de Don Juan » de Carlos Castaneda. Dans le groupe de participants à ce « GATEWAY VOYAGE », je crois distinguer deux sortes de gens, schématiquement : ceux qui ont déjà eu des expériences « paranormales » et les autres.
Les premiers seraient-ils les plus nombreux ici ? Certains ont eu dans leur enfance, ou plus récemment, des OBE (Pour « Out of Body Experiences », expériences extracorporelles), des rêves prémonitoires, des expériences de voyance ou des perceptions extra-sensorielles. Il y a même une voyante professionnelle de Londres, et deux astrologues, l’un de Los Angeles, l’autre de Genève. Viennent-ils parce qu’ils recherchent la stabilisation ou l’épanouissement de leurs dons ?
Ont-ils des questions à élucider, cherchent-ils un échange, une compréhension ?
Sommes-nous une minorité ici, nous qui ne nous rappelons pas consciemment d’un état de conscience qui diffère des trois états habituels, veille, rêve et sommeil ? Je n’ai encore jamais été en situation de voir mon propre corps allongé dans mon lit alors que je me trouvais moi-même de l’autre côté de la pièce ou flottant au plafond. J’aime à croire que c’est possible.
Conférence de Joseph Mc Moneagle le troisième jour : « Y croire ? Cela ressemble au passage d’un canyon. D’un côté du canyon, on ne peut qu’y croire. De l’autre côté, on en a fait l’expérience de manière suffisamment répétée pour ne plus en douter ». Il y a trente ans il a eu une expérience de mort clinique temporaire (en Anglais : NDE, Near Death Experience) : « C’est comme si l’on se retrouvait directement de l’autre côté du canyon, sans avoir dû descendre dans le fond, sans traverser les éboulis, ni peiner jusqu’au sommet de l’autre falaise. De l’autre côté, c’était merveilleux. Mais j’ai été réanimé et j’ai dû refaire tout le trajet par moi-même depuis lors. Cependant j’avais déjà une idée de ce qui m’attendait de l’autre côté du canyon ! Alors j’y croyais. »
Dans les autres états de conscience, ferai-je moi aussi la rencontre d’êtres chers et disparus ? Retrouverai-je d’autres aspects de moi-même éparpillés dans d’autres dimensions ? Pourrai-je acquérir des capacités psychiques comme Joseph Mc Moneagle, qui est revenu de sa NDE avec le pouvoir de voir à distance ?
Mais pour l’instant, Bob Monroe est pressé de questions. L’un d’entre nous veut tout savoir sur ce qu’il vit depuis la mort de sa femme. Bob Monroe est en effet parti à sa recherche après son décès et il l’a retrouvée dans une autre dimension. Il a cru qu’il ne pourrait alors plus se séparer d’elle. « L’attraction était trop forte » dit-il. Mais il en a été décidé autrement. Par qui et comment ? La question lui est posée avec insistance, à la manière d’un journaliste qui veut un scoop. Et malicieusement : « J’ai signé un contrat » dit-il. Avec qui ? Avec lui-même ? En guise de réponse, il nous parle de son dernier livre : « ULTIMATE JOURNEY », où il explique les dernières expériences qu’il avait faites dans les autres niveaux d’énergie. « N’est-il pas difficile de renoncer à ces voyages ? » Robert Monroe ne répond pas et se lève pour prendre congé. Je suis soulagé car je commence à trouver les questions cruelles.
Faciliter l’apparition d’un élargissement du champ de la conscience par des ambiances sonores et des exercices psychiques et physiques appropriés.
Robert Monroe a engagé depuis la fin des années cinquante des recherches scientifiques sur les états de conscience élargis. Il a mis au point des méthodes d’évaluation des états physiologiques correspondant à ces expériences curieuses pour l’époque. Il a établi un institut de recherche sur ces expériences, les ambiances sonores et les exercices psychiques et physiques qui les facilitent. Depuis la fin des années soixante-dix, cet institut propose des cassettes audio d’exercices psychiques, de « méta-musique », et organise aussi des stages d’expérimentation.
Depuis deux ans, je m’exerce avec les cassettes audio de l’Institut. Je plonge dans « l’eau de là » comme l’écrit curieusement mon ami Sam avec lequel je corresponds et dont l’orthographe est délicieusement fantaisiste. Or l’eau, pour moi, évoque irrésistiblement l’inconnu, le futur, la mort. Les exercices n’en ont pas moins une efficacité pratique dans le présent : par exemple, pour me reposer en un temps record, pour me débarrasser de rhumes dès les premiers symptômes, ou encore pour me remplir d’énergie.
Face à ces expériences d’autres états de conscience, je me pose toutes sortes de questions dignes d’une première classe de philosophie. Ne suis-je pas tout simplement en train de rêver éveillé ? Ce que je vis dans ces autres états tient-il de mon imagination ou d’une autre réalité ? Qu’est-ce que le réel après tout ? Ne serait-ce que ce sur quoi nous sommes tous d’accord ? À quoi bon me fatiguer les méninges, ce n’est probablement pas une simple décision de mon intellect qui va me permettre d’en faire l’expérience.
Bob Monroe a donné des numéros à ces différents états, « 10 », « 12 », « 15 », « 21 »…
Le deuxième jour du stage, une découverte : la perception que l’on a de son propre corps varierait-elle selon ces différents niveaux de conscience ?
Il y a le domaine physique accompagné de sa perception propre du monde matériel. Lors du passage à un autre niveau, on peut demeurer conscient de se trouver dans la pièce où l’on est allongé et se déplacer dans les environs immédiats, dans la pièce, à côté de son lit… Là où le corps physique peut être perçu de l’extérieur, tel qu’il est dans cette réalité-ci ! Et c’est ce côté spectaculaire qui avait un temps retenu mon attention : je m’imaginais flottant au plafond et regardant mon corps allongé sur le lit !
Je n’avais pas réalisé que « sortir de mon corps » était en fait entrer dans d’autres systèmes de perception, dans d’autres états de conscience. Le troisième jour, s’ouvre un espace au-delà de cet espace physique, un espace où la conscience est élargie, au-delà des limites matérielles. Bien loin de penser encore au lit où je suis couché, je suis absorbé par cette expérience et je n’ai plus la notion de mon corps ni même le souvenir de ce qui l’entoure.
Des numéros sont attribués à ces différents « espaces ». Dans l’état d’éveil habituel, nous sommes en « 1 ». Le premier état de conscience différent que nous explorons est appelé niveau « 10 » (Corps endormi-esprit lucide). Le deuxième se situe au-delà du monde physique, c’est un état de conscience élargie, et c’est le niveau « 12 ».
Pourquoi ces numéros ? Pour garder le vocabulaire aussi éloigné que possible de toute référence philosophique ou religieuse ? Pour que chacun les vive et les colore à sa manière ?
Et le jour suivant s’ouvre le niveau « 15 », qui se situe au-delà de l’espace-temps, où demain, hier et maintenant sont accessibles, avec leurs cortèges de rencontres, d’émotions, de surprises. Nous voyageons très loin de la boîte en carton qui contient toutes nos montres et horloges ! En « 15 », pas de temps ! En « 15 », l’imagination peut construire tout ce qu’elle conçoit. Ici, je me sens très créatif…
Et de nouveau, dans mon esprit, reprennent les questions de « philo » : Est-ce un rêve éveillé ? Et dans ce cas, je me demande si deux personnes peuvent se mouvoir dans un rêve commun, s’y rencontrer ? Cela rendrait-il leur rêve plus réel, plus objectif ?
Les informations que rapportent les explorateurs de ces autres dimensions sont-elles le fruit d’une plongée dans leurs réserves de mémoires propres, que ces mémoires soient subconscientes ou génétiques ? Ces informations sont-elles puisées à l’extérieur ? Ou sont les frontières de ces royaumes ? À quels niveaux de conscience se dissolvent les barrières entre les individus, les époques, les lieux ? Avec le temps, ces questions se révéleront peut-être inutiles. De faux problèmes, comme nous le disions autrefois…
Dans un rêve lucide, on peut créer des choses. Dans les autres états de conscience, nous traitons avec des réalités, certes différentes de celles qui nous sont habituelles.
La question est posée à Robert Monroe : « S’agit-il de rêves lucides ? »
« Dans un rêve lucide se construisent toutes sortes de choses inattendues, fantaisistes. L’imaginaire domine. On peut y créer des choses. Dans les autres états de conscience, nous explorons d’autres dimensions, nous pouvons agir, poser des questions, obtenir des réponses, converser. Nous traitons alors avec quelque chose d’autre que nous-même, dans notre quotidien. » Et puis : «On peut glisser d’un rêve éveillé dans un état de conscience modifié, puis replonger dans le rêve… » Et plus tard : « Certaines des expériences que nous nommons communément rêves sont des états de conscience modifié, mais pas toutes. »
Nous en sommes déjà au quatrième jour du cours. L’atmosphère est pleine d’énergie et il y a beaucoup de gaieté dans le groupe. Depuis le premier jour, il n’y a que rires et gags. À ce « GATEWAY VOYAGE » participent vingt-quatre personnes, dont sept Européens, venus de Londres, de Salzbourg, de Genève… Il y a aussi mon ami Wensley d’Amsterdam, et même un « voisin » d’Anvers : Jef, l’un des trois pilotes d’avion de ce « GATEWAY VOYAGE ». À croire qu’il ne leur suffit pas d’échapper à l’attraction terrestre dans leurs avions, ils veulent aussi échapper aux limites de leurs corps.
L’ambiance est pleine de vie. Il y a pourtant d’abord eu les peurs : laisser derrière soi ses habitudes, ses systèmes de croyance… Nous avons appris une méthode pour « soigner » les peurs : Comment percevoir une peur, comment la laisser s’échapper, se dissoudre et comment peut réapparaître l’aspect de soi-même oblitéré par la peur.
Je me rappelle soudain qu’il y a quelques jours, avant mon départ, au « jeu de divination » du Yi-King, j’ai tiré l’hexagramme K’ouen : « Le lac s’est vidé de son eau », « L’accablement. (L’épuisement) ». Oracle : succès, persévérance. « Pour suivre sa volonté, on risque sa vie ».
Dans la prochaine séance, nous irons par nos propres moyens, sans instruction verbale extérieure en « 10 », en « 12 », puis en « 15 », où nous tenterons d’exécuter un exercice nouveau. Chaque participant rejoint sa chambre où il dispose de son propre matériel stéréo relié à la salle où se tiennent les animateurs.
Quelque chose de moi roule à terre hors de mon lit et rebondit un peu.
Je m’installe donc dans ma chambre et je parviens en « 10 » un peu en avance sur le programme. Avant d’aller en « 12 », j’ai l’idée de rouler mentalement sur moi-même, pour voir. C’est une des techniques que nous avons apprises pour échapper aux limitations imposées par l’idée du corps sur notre champ de conscience. Il me semble que quelque chose de moi roule à terre hors de mon lit et rebondit un peu, comme un nuage caoutchouteux. Mais où suis-je, moi ? Dans mon lit ou sur le sol ? Je décide de placer mon attention dans « ce qui est sur le sol ». Et je me dis : « Si je suis dans un état de conscience modifié, profitons-en pour aller voir sur le toit ! » En effet, au cours de la matinée, j’avais entendu des participants rire en se donnant un rendez-vous « modifié » sur la terrasse qui domine le bâtiment.
Je me déplace le long des couloirs, je monte des escaliers, puis je parviens sur la terrasse. Déception, il n’y a personne. Je m’avance. Mais si, il y a là une forme blanche, une présence féminine qui, à mon approche, esquisse un étrange mouvement de recul, vers l’arrière et vers le haut. Lui ferais-je peur ? Je ne sais pas qui c’est. Serait-ce Amy ? Ou Trish ? Malheureusement dans mon casque me parvient l’instruction de faire mouvement vers « 12 ». Que faire ? Laisser tomber la séance, ignorer l’instruction et poursuivre mon aventure sur le toit ou suivre le programme et aller en « 12 » ? Je décide de suivre le programme prévu pour cette séance, explorer « 12 ».
Ce voyage vers « 12 » me fait revivre un souvenir de vacances dans les Alpes ; Après la lente montée au flanc de la montagne, soudain le sommet est atteint. En un instant, la vision s’élargit de tous côtés. Je contemple le ciel et, tout autour, je découvre le spectacle de tous les autres sommets. Cette sensation est « 12 » pour moi. Conscience élargie.
Finalement je n’ai pas su qui était la forme blanche sur la terrasse. Ni Ami ni Trish n’avaient de souvenir à ce sujet !
Une exploration d’autres états de conscience n’est-elle pas une anticipation sur l’expérience de la mort ?
Il y a des similitudes frappantes entre états de conscience modifiés et NDE. Les témoignages de mort clinique ne commencent-ils pas tous par le récit d’une modification des perceptions ? Et ces deux types d’expérience ont bien des aspects en commun : communications interrompues avec le monde physique, perceptions aiguisées et non verbales, lucidité et mémoires saisissantes, immersion dans une lumière, une chaleur, une bonté ineffable, rencontres avec des êtres chers et disparus, pas de désir de retour à la vie terrestre, réponses à des questions vitales, messages et missions à accomplir.
Nous allons maintenant voyager en « 15 » puis aller au-delà des anneaux de couleurs, vers un niveau où tout est fait d’émotions et de lumière blanche. À ce niveau est attribué le nombre » 21 ». La première fois que j’ai fait l’expérience de ce niveau « 21 », j’en suis revenu en larmes. Nous avons donc évolué vers « 21 » et toutes sortes de rencontres et d’expériences se sont produites. Mais le temps alloué à cette séance est déjà terminé. Dans mes écouteurs, la voix d’un des animateurs me rappelle ici-bas. Pourquoi est-il si déchirant de devoir interrompre la délicieuse conversation que j’ai en « 21 » avec la dame à la tasse de thé ? Je ne me souviens pourtant plus de ce dont nous parlions. Mais je reviendrai vous rendre visite dans votre espace blanc et doux, c’est promis.
Ne serait-ce pas la nature de cette dimension que d’être faite de chaleur, de délicatesse, de nostalgie peut-être ? La gratitude semble en être la clé, le secret de communication.
D’où peut venir la guérison ?
Pour comprendre ma démarche, revenons donc encore une fois en arrière. Toute cette aventure du « GATEWAY VOYAGE » a commencé pour moi en 1992. Je sens la mort rôder autour de moi, tant d’amis, Hilton, Judith… sont malades, mourants, je ne vois pas d’où peut venir la guérison dans ce monde, au contraire, je me dis que la maladie est « de ce monde ». J’ai l’impulsion d’aller chercher ailleurs, plus loin.
J’ai l’impression d’avoir trouvé en « 21 », dans cet univers de lumière laiteuse, une source de jouvence, de guérison. Là se trouvent des amis que je ressens si proches, un environnement à la fois chaleureux et rafraîchissant. Trouverai-je ici les réponses à mes questions ?
J’ai donc tiré du Yi King l’hexagramme K’oeun : l’abattement, l’épuisement. « Le lac s’est vidé de son eau ». « Le lac, le joyeux est au-dessus de son eau, l’eau s’est retirée du lac par le dessous ». Et, le jugement à en tirer est qu’en période d’adversité, il convient de persévérer et qu’alors le succès est assuré. « C’est l’image du sort adverse dans la vie humaine. Il n’y a alors rien d’autre à faire que d’assurer son destin et de demeurer fidèle à soi-même. La couche la plus profonde de l’être personnel est ici visée, elle seule est au-dessus de toute destinée extérieure. »
Ce monde devient-il meilleur ? Ou bien, au contraire, la vie terrestre est-elle une sorte de drogue ?
Quatrième soir : mon humeur est sombre, je suis abattu. Tout le groupe est joyeux. Un film conférence de Ronald Russell explique la montée en puissance de la découverte psychique, spirituelle, dans le monde à notre époque. Il la présente comme une évolution logique de la croissance de la connaissance, de la technologie et des communications de ces dernières décennies. Les lois de l’écologie y sont découvertes. Au lieu d’être érodés par le temps et l’isolement, les foyers de connaissance se renforcent mutuellement grâce aux systèmes de communication modernes. C’est une plaidoirie pour un monde qui devient meilleur. Je suis si proche de ces idées d’une certaine manière.
Mais je vis un présent d’une nature diamétralement opposée. Un présent où mes amis meurent sans espoir de secours. Un présent où les cultures se détruisent mutuellement et agonisent dans un magma télévisuel informe. Les trois-quarts de l’humanité ne s’enfoncent-ils pas dans la misère, les famines, les génocides ? Le matérialisme et l’absurdité ne se généralisent-ils pas ? Avec 40% d’illettrés dans nos pays occidentaux, comment pouvons-nous parler de village global ? La pensée médicale n’est-elle pas devenue aberrante par un matérialisme et une mécanisation effrénée ? Les maladies dites de « dégénérescence » ne ravagent-elles pas le monde ?
La conférence de Ronald Russel est optimiste. Je me sens déchiré intérieurement. Pourtant, mes expériences de la journée ont été agréables et même fascinantes. Je me sens dans un tel état de conflit intérieur que la séance du soir qui suit cette conférence devrait, selon toute logique être catastrophique. Je me résous cependant à y participer, à m’installer dans ma chambre et à suivre la routine de départ. D’abord la conscience normale, puis progresser vers « 10 », puis « 12 », jusqu’en « 15 ». De là, le but de la séance est d’émettre 5 questions dans l’infini, au-delà de l’espace et du temps.
À qui posons-nous ces questions ?
Aux confins de l’univers, à notre « moi-profond », à notre « famille d’âmes » ?
Étant donné mon état de conflit intérieur, je m’attendais à me sentir mal à l’aise dans cette séance. J’allais sans doute perdre le fil de la séance et « click-out » selon le jargon du stage. « Click-out » c’est s’endormir brusquement, ou partir dans un rêve, loin de la séance en cours et ne plus entendre aucune des instructions provenant des animateurs. Il n’est pas rare d’avoir un « click-out » une séance sur deux. Et pourtant, cette fois-ci, contre toute attente, dès le changement de niveau de conscience ma sensation de malaise s’efface, c’est comme si j’avais « zappé », changé de chaîne…
Désir de savoir, clarté des questions, intensité dans la demande, telles sont les consignes. Et les deux attitudes-clés sont : gratitude et humour. Ne l’aurais-je pas oublié ces derniers temps ?
Comme je suis tout de même de très mauvaise humeur, je transforme mes questions en bombes. Cette fois-ci, je ne me satisferai pas de réponses banales du genre : « Suis ton instinct » ou « Détends-toi » ou encore « Aime » comme j’en ai si souvent reçues auparavant. Non, à présent je veux des réponses auxquelles je n’ai pas encore pensé. Je trouve mes problèmes présents trop sérieux pour me contenter de ces généralités.
Dans « Le colosse de Maroussi », Hery Miller explique : « À Épidaure, le guérisseur lui-même trouvait la guérison… le patient était guéri avant même de recevoir la guérison… Les grands médecins ont toujours dit de la nature qu’elle était la grande salvatrice… À elle seule, la nature ne peut rien. La nature ne peut guérir que lorsque l’homme a su reconnaître sa place dans le monde, et sa place est non pas dans la nature, comme celle de l’animal, mais dans son propre règne : l’humain, intermédiaire entre le naturel et le divin. »
C’est le dernier jour du stage et je suis en plein dilemme. J’ouvre mon cœur auprès de Franceen, notre animatrice, je me sens révolté par l’optimisme béat qui me semble sévir ici. Cela me fait du bien de parler, d’être écouté, d’avoir quelqu’un qui me répond. En fin de compte, devrai-je choisir entre deux attitudes, deux visions du monde, l’une positiviste et l’autre catastrophiste ?
Cet après-midi, nous allons faire un exercice différent. De nous-mêmes et sans fermer les yeux, sans nous allonger dans nos lits, nous allons sortir du bâtiment et marcher dans la nature puis changer de phase, entrer en « 10 », puis en « 12 », jusqu’en « 21 » et observer : que se passe-t-il en nous et autour de nous dans chacun de ces états de conscience ?
Une nouvelle contestation s’élève en moi. Je suis venu ici pour échapper à ce monde, pour sortir de mon corps, pas pour ramener ces états de conscience dans le monde physique : « Explore… Essaie… » me dit ma voix intérieure.
En « 10 » ma démarche change, mon corps est presque langoureux, je ne peux plus lui commander « mon » rythme. Je dois accepter le sien. Finalement, ce n’est pas plus mal !
Vais-je oser aller en « 12 » ? Je devrais me trouver hors de l’espace physique, et effectivement, ma conscience s’élargit. Tout se passe comme si mon corps n’est plus que la pointe du ciel posée sur le sol. Je souris en me souvenant de l’impression qui m’était habituelle en « 12 », l’ouverture du ciel au sommet de la montagne !
En « 15 », au-delà du temps, je m’ouvre et je prends conscience de ce qui m’entoure. Et mon environnement ressemble à un tableau de Magritte. Je le perçois semblable à ces images en trois dimensions pour lesquelles on doit porter des lunettes spéciales. Quelques-uns des autres participants au stage arpentent la prairie, l’un est ici devant un arbre, l’autre là un peu plus bas. Les distances et les contours sont bien délimités, comme cristallisés. Les arbres eux-mêmes ne sont pas tout à fait à leur place, ils se détachent de l’arrière-plan comme si on les en avait découpés. J’ai dans la tête un grand silence. J’entends chaque bruissement de la nature.
En « 21 », comment pourrais-je retrouver cette chère lumière des séances précédentes ? L’expérience est en effet très différente. Les arbres me semblent aussi animés et amicaux que des êtres humains. Je longe une rangée d’arbres et je sursaute lorsque je réalise que je leur donne autant de présence que Tom qui passe justement à côté de moi. Bien qu’immobiles, ils semblent vivre d’une vie dont la qualité vaut bien la nôtre. Cela irait-il jusqu’à pouvoir engager une conversation avec ces arbres ? Mon niveau de NVC (Communication Non-Verbale) n’est probablement pas suffisant.
Un peu plus tard dans l’après-midi, je comprends une image qui m’est venue en réponse à une de mes 5 questions :
Deux cônes de pierre inversés dans un équilibre improbable.
Cette sculpture bizarre aperçue par la fenêtre du bus qui nous amenait au « GATEWAY VOYAGE », deux cônes de pierre inversés et tenus ensemble de manière improbable, incertaine. Finalement, c’est ainsi que je me sens en ce moment. Pourquoi choisir entre positivisme et catastrophisme ? Cet assemblage incertain, c’est ma force, mon énergie.
Après tout, Bob Monroe n’expliquait-il pas hier que la vie terrestre était une sorte d’aliénation ? Il la compare à une drogue. Il parle de « junkies humains qui sont asservis à la terre comme à une drogue » et qui ne peuvent s’empêcher d’y revenir, vie après vie, dans l’espoir d’y trouver enfin les satisfactions qui leur ont échappées dans les vies précédentes.
La question lui est d’ailleurs posée lors de notre dernière rencontre. Robert Monroe dit qu’il a rencontré sur terre, lors de ses explorations dans d’autres états de conscience, quatre ou cinq sortes d’êtres humains.
-Les « explorateurs » ou « enfants », des âmes passées dans le « voisinage » terrestre et, séduites par son animation, ont voulu s’y incarner, pour voir. Une fois une vie vécue, elles se demandent si une deuxième ne serait pas plus intéressante, et puis une troisième. Le mécanisme d’esclavage s’enracine et l’oubli s’installe.
-Les « sauveteurs », qui ne font que passer dans le but d’aider un de ces enfants égarés à « s’en sortir ».
-Les « brebis galeuses », qui ont été envoyées sur terre afin de les exiler de leur « terre » d’origine pour l’une ou l’autre raison, comme autrefois étaient envoyés dans les colonies les fils de famille devenus gênants.
-Des « êtres en fuite », qui sont pourchassés de par l’univers et pour qui le grouillement de la vie sur terre constitue une bonne cachette. Ces êtres seraient sujets à des cauchemars où ils sont pourchassés.
-Les « aides » qui sont venus sur terre pour une mission particulière, individuelle ou collective.
L’un d’entre nous demande alors ce qu’il en est de ces êtres qui vivent sur terre mais ne sont pas mortels. Est-il vrai qu’il en a rencontrés ?
Effectivement, Bob Monroe mentionne la rencontre d’un tel personnage dans un de ses livres. Il nous explique qu’un tel destin doit finalement être très ennuyeux : « Il faut demeurer très discret, disparaître régulièrement car on ne vieillit pas, et l’entourage lui, n’est pas immortel. On ne peut s’attacher à qui que ce soit, c’est finalement beaucoup d’embarras ». « Y en a-t-il beaucoup sur terre ? Bob Monroe fait un geste évasif : « Comment voulez-vous que je le sache ? » semble-t-il dire.
Sommes-nous vraiment en plein conte de fées ? Pour moi, cela confirme ma conception d’une terre plus proche d’une sombre caverne à laquelle nous attachent peurs et aveuglements, qu’à l’évolution inévitable d’un alpha primitif vers un oméga merveilleux, vers des lendemains qui chantent. Deux cônes de pierre en équilibre improbable, étrangers l’un à l’autre en matière et en forme. L’image est furtive, elle échappe déjà à ma mémoire. Où ai-je entrevu cette sculpture ? Entre New-York et Washington ? Le bus repassera-t-il par cet endroit sur le chemin du retour ?
Cette musique discrète, tout juste le bruit du vent l’été.
« Les gens dansent sur la musique. Ce n’est pas la musique qui fait danser les gens », dit Bob Monroe. Et je me dis : « Il ne suffit pas d’entendre de la musique pour savoir danser » ! Mais Bob Monroe est un compositeur bien particulier. Sa musique est discrète, tout juste le bruit du vent l’été, et mon rêve me plaît. Serais-je en train d’apprendre à danser ?
Jean-Paul LEMAIRE, ANVERS Belgique
Source : Revue Intuitions Avril - Juin # 29 1995 (France)
Et maintenant, à près de quatre-vingts ans, il a dû s’interdire ces explorations. Pourtant, elles lui permettraient d’échapper aux douleurs et aux fatigues que sa condition physique actuelle lui impose. Il est privé de la compagnie de sa femme, décédée il y a peu, et bien qu’il sache où la retrouver et que la revoir dans un autre monde l’attire, il ne peut la rejoindre.
Le « GATEWAY VOYAGE » (« PASSAGE » en Français) de Robert Monroe est le stage légendaire consacré à l’exploration des états de conscience élargis.
De vieilles montagnes aux formes arrondies, très vertes nous entourent. Des lambeaux de nuages sont accrochés à leurs flancs, du brouillard dans le fond des vallées que nous dominons. Des bois, des pâturages. Des maisons ici et là. C’est le pays des Indiens séminoles, une chaleur intense et humide, un lac un peu plus bas, un élevage de lamas sur la colline en face, et, à l’intérieur de la maison, le calme, la fraîcheur. Nous sommes loin de Charlottesville, la petite ville la plus proche. Et encore plus loin de Washington où un Greyhound Bus entreprend lentement les deux cents kilomètres qui traversent la Virginie pour atteindre les Blue Ridge Mountains où s’est établi le « MONROE INSTITUTE ».
Les animateurs du stage sont toujours positifs, encourageants, jamais critiques, le plus souvent drôles. Pas de présence obligatoire aux réunions et séances, pas même d’heure, car nous avons tous abandonné montres et réveils dans une boîte en carton au signal du début du cours. Bob Monroe se lève difficilement de son fauteuil, il ébauche le geste de faire claquer ses doigts : le cours commence et avec la perte de nos montres, nous sommes déjà, d’une certaine manière, hors des limites du temps. Le son d’une cloche signale que le repas est prêt.
Le « GATEWAY VOYAGE » de Robert Monroe est le stage légendaire consacré à l’exploration des états de conscience élargis. L’aventure du « GATEWAY VOYAGE » a commencé dans les années soixante-dix à Esalen, la « Mecque » de toutes les expériences californiennes de renouveau psychique et spirituel, de psychologie trans-personnelle, voire de parapsychologie.
Pour ma part, je n’ai encore jamais été en situation de voir d’en haut mon propre corps allongé dans mon lit.
« GATEWAY VOYAGE » ? Pour moi, cela signifie : « Voyage au-delà des portes » ou : « Voyage évasion ». Il y a là un parfum de « Portes des perceptions » de Aldous Huxley, des « Enseignements de Don Juan » de Carlos Castaneda. Dans le groupe de participants à ce « GATEWAY VOYAGE », je crois distinguer deux sortes de gens, schématiquement : ceux qui ont déjà eu des expériences « paranormales » et les autres.
Les premiers seraient-ils les plus nombreux ici ? Certains ont eu dans leur enfance, ou plus récemment, des OBE (Pour « Out of Body Experiences », expériences extracorporelles), des rêves prémonitoires, des expériences de voyance ou des perceptions extra-sensorielles. Il y a même une voyante professionnelle de Londres, et deux astrologues, l’un de Los Angeles, l’autre de Genève. Viennent-ils parce qu’ils recherchent la stabilisation ou l’épanouissement de leurs dons ?
Ont-ils des questions à élucider, cherchent-ils un échange, une compréhension ?
Sommes-nous une minorité ici, nous qui ne nous rappelons pas consciemment d’un état de conscience qui diffère des trois états habituels, veille, rêve et sommeil ? Je n’ai encore jamais été en situation de voir mon propre corps allongé dans mon lit alors que je me trouvais moi-même de l’autre côté de la pièce ou flottant au plafond. J’aime à croire que c’est possible.
Conférence de Joseph Mc Moneagle le troisième jour : « Y croire ? Cela ressemble au passage d’un canyon. D’un côté du canyon, on ne peut qu’y croire. De l’autre côté, on en a fait l’expérience de manière suffisamment répétée pour ne plus en douter ». Il y a trente ans il a eu une expérience de mort clinique temporaire (en Anglais : NDE, Near Death Experience) : « C’est comme si l’on se retrouvait directement de l’autre côté du canyon, sans avoir dû descendre dans le fond, sans traverser les éboulis, ni peiner jusqu’au sommet de l’autre falaise. De l’autre côté, c’était merveilleux. Mais j’ai été réanimé et j’ai dû refaire tout le trajet par moi-même depuis lors. Cependant j’avais déjà une idée de ce qui m’attendait de l’autre côté du canyon ! Alors j’y croyais. »
Dans les autres états de conscience, ferai-je moi aussi la rencontre d’êtres chers et disparus ? Retrouverai-je d’autres aspects de moi-même éparpillés dans d’autres dimensions ? Pourrai-je acquérir des capacités psychiques comme Joseph Mc Moneagle, qui est revenu de sa NDE avec le pouvoir de voir à distance ?
Mais pour l’instant, Bob Monroe est pressé de questions. L’un d’entre nous veut tout savoir sur ce qu’il vit depuis la mort de sa femme. Bob Monroe est en effet parti à sa recherche après son décès et il l’a retrouvée dans une autre dimension. Il a cru qu’il ne pourrait alors plus se séparer d’elle. « L’attraction était trop forte » dit-il. Mais il en a été décidé autrement. Par qui et comment ? La question lui est posée avec insistance, à la manière d’un journaliste qui veut un scoop. Et malicieusement : « J’ai signé un contrat » dit-il. Avec qui ? Avec lui-même ? En guise de réponse, il nous parle de son dernier livre : « ULTIMATE JOURNEY », où il explique les dernières expériences qu’il avait faites dans les autres niveaux d’énergie. « N’est-il pas difficile de renoncer à ces voyages ? » Robert Monroe ne répond pas et se lève pour prendre congé. Je suis soulagé car je commence à trouver les questions cruelles.
Faciliter l’apparition d’un élargissement du champ de la conscience par des ambiances sonores et des exercices psychiques et physiques appropriés.
Robert Monroe a engagé depuis la fin des années cinquante des recherches scientifiques sur les états de conscience élargis. Il a mis au point des méthodes d’évaluation des états physiologiques correspondant à ces expériences curieuses pour l’époque. Il a établi un institut de recherche sur ces expériences, les ambiances sonores et les exercices psychiques et physiques qui les facilitent. Depuis la fin des années soixante-dix, cet institut propose des cassettes audio d’exercices psychiques, de « méta-musique », et organise aussi des stages d’expérimentation.
Depuis deux ans, je m’exerce avec les cassettes audio de l’Institut. Je plonge dans « l’eau de là » comme l’écrit curieusement mon ami Sam avec lequel je corresponds et dont l’orthographe est délicieusement fantaisiste. Or l’eau, pour moi, évoque irrésistiblement l’inconnu, le futur, la mort. Les exercices n’en ont pas moins une efficacité pratique dans le présent : par exemple, pour me reposer en un temps record, pour me débarrasser de rhumes dès les premiers symptômes, ou encore pour me remplir d’énergie.
Face à ces expériences d’autres états de conscience, je me pose toutes sortes de questions dignes d’une première classe de philosophie. Ne suis-je pas tout simplement en train de rêver éveillé ? Ce que je vis dans ces autres états tient-il de mon imagination ou d’une autre réalité ? Qu’est-ce que le réel après tout ? Ne serait-ce que ce sur quoi nous sommes tous d’accord ? À quoi bon me fatiguer les méninges, ce n’est probablement pas une simple décision de mon intellect qui va me permettre d’en faire l’expérience.
Bob Monroe a donné des numéros à ces différents états, « 10 », « 12 », « 15 », « 21 »…
Le deuxième jour du stage, une découverte : la perception que l’on a de son propre corps varierait-elle selon ces différents niveaux de conscience ?
Il y a le domaine physique accompagné de sa perception propre du monde matériel. Lors du passage à un autre niveau, on peut demeurer conscient de se trouver dans la pièce où l’on est allongé et se déplacer dans les environs immédiats, dans la pièce, à côté de son lit… Là où le corps physique peut être perçu de l’extérieur, tel qu’il est dans cette réalité-ci ! Et c’est ce côté spectaculaire qui avait un temps retenu mon attention : je m’imaginais flottant au plafond et regardant mon corps allongé sur le lit !
Je n’avais pas réalisé que « sortir de mon corps » était en fait entrer dans d’autres systèmes de perception, dans d’autres états de conscience. Le troisième jour, s’ouvre un espace au-delà de cet espace physique, un espace où la conscience est élargie, au-delà des limites matérielles. Bien loin de penser encore au lit où je suis couché, je suis absorbé par cette expérience et je n’ai plus la notion de mon corps ni même le souvenir de ce qui l’entoure.
Des numéros sont attribués à ces différents « espaces ». Dans l’état d’éveil habituel, nous sommes en « 1 ». Le premier état de conscience différent que nous explorons est appelé niveau « 10 » (Corps endormi-esprit lucide). Le deuxième se situe au-delà du monde physique, c’est un état de conscience élargie, et c’est le niveau « 12 ».
Pourquoi ces numéros ? Pour garder le vocabulaire aussi éloigné que possible de toute référence philosophique ou religieuse ? Pour que chacun les vive et les colore à sa manière ?
Et le jour suivant s’ouvre le niveau « 15 », qui se situe au-delà de l’espace-temps, où demain, hier et maintenant sont accessibles, avec leurs cortèges de rencontres, d’émotions, de surprises. Nous voyageons très loin de la boîte en carton qui contient toutes nos montres et horloges ! En « 15 », pas de temps ! En « 15 », l’imagination peut construire tout ce qu’elle conçoit. Ici, je me sens très créatif…
Et de nouveau, dans mon esprit, reprennent les questions de « philo » : Est-ce un rêve éveillé ? Et dans ce cas, je me demande si deux personnes peuvent se mouvoir dans un rêve commun, s’y rencontrer ? Cela rendrait-il leur rêve plus réel, plus objectif ?
Les informations que rapportent les explorateurs de ces autres dimensions sont-elles le fruit d’une plongée dans leurs réserves de mémoires propres, que ces mémoires soient subconscientes ou génétiques ? Ces informations sont-elles puisées à l’extérieur ? Ou sont les frontières de ces royaumes ? À quels niveaux de conscience se dissolvent les barrières entre les individus, les époques, les lieux ? Avec le temps, ces questions se révéleront peut-être inutiles. De faux problèmes, comme nous le disions autrefois…
Dans un rêve lucide, on peut créer des choses. Dans les autres états de conscience, nous traitons avec des réalités, certes différentes de celles qui nous sont habituelles.
La question est posée à Robert Monroe : « S’agit-il de rêves lucides ? »
« Dans un rêve lucide se construisent toutes sortes de choses inattendues, fantaisistes. L’imaginaire domine. On peut y créer des choses. Dans les autres états de conscience, nous explorons d’autres dimensions, nous pouvons agir, poser des questions, obtenir des réponses, converser. Nous traitons alors avec quelque chose d’autre que nous-même, dans notre quotidien. » Et puis : «On peut glisser d’un rêve éveillé dans un état de conscience modifié, puis replonger dans le rêve… » Et plus tard : « Certaines des expériences que nous nommons communément rêves sont des états de conscience modifié, mais pas toutes. »
Nous en sommes déjà au quatrième jour du cours. L’atmosphère est pleine d’énergie et il y a beaucoup de gaieté dans le groupe. Depuis le premier jour, il n’y a que rires et gags. À ce « GATEWAY VOYAGE » participent vingt-quatre personnes, dont sept Européens, venus de Londres, de Salzbourg, de Genève… Il y a aussi mon ami Wensley d’Amsterdam, et même un « voisin » d’Anvers : Jef, l’un des trois pilotes d’avion de ce « GATEWAY VOYAGE ». À croire qu’il ne leur suffit pas d’échapper à l’attraction terrestre dans leurs avions, ils veulent aussi échapper aux limites de leurs corps.
L’ambiance est pleine de vie. Il y a pourtant d’abord eu les peurs : laisser derrière soi ses habitudes, ses systèmes de croyance… Nous avons appris une méthode pour « soigner » les peurs : Comment percevoir une peur, comment la laisser s’échapper, se dissoudre et comment peut réapparaître l’aspect de soi-même oblitéré par la peur.
Je me rappelle soudain qu’il y a quelques jours, avant mon départ, au « jeu de divination » du Yi-King, j’ai tiré l’hexagramme K’ouen : « Le lac s’est vidé de son eau », « L’accablement. (L’épuisement) ». Oracle : succès, persévérance. « Pour suivre sa volonté, on risque sa vie ».
Dans la prochaine séance, nous irons par nos propres moyens, sans instruction verbale extérieure en « 10 », en « 12 », puis en « 15 », où nous tenterons d’exécuter un exercice nouveau. Chaque participant rejoint sa chambre où il dispose de son propre matériel stéréo relié à la salle où se tiennent les animateurs.
Quelque chose de moi roule à terre hors de mon lit et rebondit un peu.
Je m’installe donc dans ma chambre et je parviens en « 10 » un peu en avance sur le programme. Avant d’aller en « 12 », j’ai l’idée de rouler mentalement sur moi-même, pour voir. C’est une des techniques que nous avons apprises pour échapper aux limitations imposées par l’idée du corps sur notre champ de conscience. Il me semble que quelque chose de moi roule à terre hors de mon lit et rebondit un peu, comme un nuage caoutchouteux. Mais où suis-je, moi ? Dans mon lit ou sur le sol ? Je décide de placer mon attention dans « ce qui est sur le sol ». Et je me dis : « Si je suis dans un état de conscience modifié, profitons-en pour aller voir sur le toit ! » En effet, au cours de la matinée, j’avais entendu des participants rire en se donnant un rendez-vous « modifié » sur la terrasse qui domine le bâtiment.
Je me déplace le long des couloirs, je monte des escaliers, puis je parviens sur la terrasse. Déception, il n’y a personne. Je m’avance. Mais si, il y a là une forme blanche, une présence féminine qui, à mon approche, esquisse un étrange mouvement de recul, vers l’arrière et vers le haut. Lui ferais-je peur ? Je ne sais pas qui c’est. Serait-ce Amy ? Ou Trish ? Malheureusement dans mon casque me parvient l’instruction de faire mouvement vers « 12 ». Que faire ? Laisser tomber la séance, ignorer l’instruction et poursuivre mon aventure sur le toit ou suivre le programme et aller en « 12 » ? Je décide de suivre le programme prévu pour cette séance, explorer « 12 ».
Ce voyage vers « 12 » me fait revivre un souvenir de vacances dans les Alpes ; Après la lente montée au flanc de la montagne, soudain le sommet est atteint. En un instant, la vision s’élargit de tous côtés. Je contemple le ciel et, tout autour, je découvre le spectacle de tous les autres sommets. Cette sensation est « 12 » pour moi. Conscience élargie.
Finalement je n’ai pas su qui était la forme blanche sur la terrasse. Ni Ami ni Trish n’avaient de souvenir à ce sujet !
Une exploration d’autres états de conscience n’est-elle pas une anticipation sur l’expérience de la mort ?
Il y a des similitudes frappantes entre états de conscience modifiés et NDE. Les témoignages de mort clinique ne commencent-ils pas tous par le récit d’une modification des perceptions ? Et ces deux types d’expérience ont bien des aspects en commun : communications interrompues avec le monde physique, perceptions aiguisées et non verbales, lucidité et mémoires saisissantes, immersion dans une lumière, une chaleur, une bonté ineffable, rencontres avec des êtres chers et disparus, pas de désir de retour à la vie terrestre, réponses à des questions vitales, messages et missions à accomplir.
Nous allons maintenant voyager en « 15 » puis aller au-delà des anneaux de couleurs, vers un niveau où tout est fait d’émotions et de lumière blanche. À ce niveau est attribué le nombre » 21 ». La première fois que j’ai fait l’expérience de ce niveau « 21 », j’en suis revenu en larmes. Nous avons donc évolué vers « 21 » et toutes sortes de rencontres et d’expériences se sont produites. Mais le temps alloué à cette séance est déjà terminé. Dans mes écouteurs, la voix d’un des animateurs me rappelle ici-bas. Pourquoi est-il si déchirant de devoir interrompre la délicieuse conversation que j’ai en « 21 » avec la dame à la tasse de thé ? Je ne me souviens pourtant plus de ce dont nous parlions. Mais je reviendrai vous rendre visite dans votre espace blanc et doux, c’est promis.
Ne serait-ce pas la nature de cette dimension que d’être faite de chaleur, de délicatesse, de nostalgie peut-être ? La gratitude semble en être la clé, le secret de communication.
D’où peut venir la guérison ?
Pour comprendre ma démarche, revenons donc encore une fois en arrière. Toute cette aventure du « GATEWAY VOYAGE » a commencé pour moi en 1992. Je sens la mort rôder autour de moi, tant d’amis, Hilton, Judith… sont malades, mourants, je ne vois pas d’où peut venir la guérison dans ce monde, au contraire, je me dis que la maladie est « de ce monde ». J’ai l’impulsion d’aller chercher ailleurs, plus loin.
J’ai l’impression d’avoir trouvé en « 21 », dans cet univers de lumière laiteuse, une source de jouvence, de guérison. Là se trouvent des amis que je ressens si proches, un environnement à la fois chaleureux et rafraîchissant. Trouverai-je ici les réponses à mes questions ?
J’ai donc tiré du Yi King l’hexagramme K’oeun : l’abattement, l’épuisement. « Le lac s’est vidé de son eau ». « Le lac, le joyeux est au-dessus de son eau, l’eau s’est retirée du lac par le dessous ». Et, le jugement à en tirer est qu’en période d’adversité, il convient de persévérer et qu’alors le succès est assuré. « C’est l’image du sort adverse dans la vie humaine. Il n’y a alors rien d’autre à faire que d’assurer son destin et de demeurer fidèle à soi-même. La couche la plus profonde de l’être personnel est ici visée, elle seule est au-dessus de toute destinée extérieure. »
Ce monde devient-il meilleur ? Ou bien, au contraire, la vie terrestre est-elle une sorte de drogue ?
Quatrième soir : mon humeur est sombre, je suis abattu. Tout le groupe est joyeux. Un film conférence de Ronald Russell explique la montée en puissance de la découverte psychique, spirituelle, dans le monde à notre époque. Il la présente comme une évolution logique de la croissance de la connaissance, de la technologie et des communications de ces dernières décennies. Les lois de l’écologie y sont découvertes. Au lieu d’être érodés par le temps et l’isolement, les foyers de connaissance se renforcent mutuellement grâce aux systèmes de communication modernes. C’est une plaidoirie pour un monde qui devient meilleur. Je suis si proche de ces idées d’une certaine manière.
Mais je vis un présent d’une nature diamétralement opposée. Un présent où mes amis meurent sans espoir de secours. Un présent où les cultures se détruisent mutuellement et agonisent dans un magma télévisuel informe. Les trois-quarts de l’humanité ne s’enfoncent-ils pas dans la misère, les famines, les génocides ? Le matérialisme et l’absurdité ne se généralisent-ils pas ? Avec 40% d’illettrés dans nos pays occidentaux, comment pouvons-nous parler de village global ? La pensée médicale n’est-elle pas devenue aberrante par un matérialisme et une mécanisation effrénée ? Les maladies dites de « dégénérescence » ne ravagent-elles pas le monde ?
La conférence de Ronald Russel est optimiste. Je me sens déchiré intérieurement. Pourtant, mes expériences de la journée ont été agréables et même fascinantes. Je me sens dans un tel état de conflit intérieur que la séance du soir qui suit cette conférence devrait, selon toute logique être catastrophique. Je me résous cependant à y participer, à m’installer dans ma chambre et à suivre la routine de départ. D’abord la conscience normale, puis progresser vers « 10 », puis « 12 », jusqu’en « 15 ». De là, le but de la séance est d’émettre 5 questions dans l’infini, au-delà de l’espace et du temps.
À qui posons-nous ces questions ?
Aux confins de l’univers, à notre « moi-profond », à notre « famille d’âmes » ?
Étant donné mon état de conflit intérieur, je m’attendais à me sentir mal à l’aise dans cette séance. J’allais sans doute perdre le fil de la séance et « click-out » selon le jargon du stage. « Click-out » c’est s’endormir brusquement, ou partir dans un rêve, loin de la séance en cours et ne plus entendre aucune des instructions provenant des animateurs. Il n’est pas rare d’avoir un « click-out » une séance sur deux. Et pourtant, cette fois-ci, contre toute attente, dès le changement de niveau de conscience ma sensation de malaise s’efface, c’est comme si j’avais « zappé », changé de chaîne…
Désir de savoir, clarté des questions, intensité dans la demande, telles sont les consignes. Et les deux attitudes-clés sont : gratitude et humour. Ne l’aurais-je pas oublié ces derniers temps ?
Comme je suis tout de même de très mauvaise humeur, je transforme mes questions en bombes. Cette fois-ci, je ne me satisferai pas de réponses banales du genre : « Suis ton instinct » ou « Détends-toi » ou encore « Aime » comme j’en ai si souvent reçues auparavant. Non, à présent je veux des réponses auxquelles je n’ai pas encore pensé. Je trouve mes problèmes présents trop sérieux pour me contenter de ces généralités.
Dans « Le colosse de Maroussi », Hery Miller explique : « À Épidaure, le guérisseur lui-même trouvait la guérison… le patient était guéri avant même de recevoir la guérison… Les grands médecins ont toujours dit de la nature qu’elle était la grande salvatrice… À elle seule, la nature ne peut rien. La nature ne peut guérir que lorsque l’homme a su reconnaître sa place dans le monde, et sa place est non pas dans la nature, comme celle de l’animal, mais dans son propre règne : l’humain, intermédiaire entre le naturel et le divin. »
C’est le dernier jour du stage et je suis en plein dilemme. J’ouvre mon cœur auprès de Franceen, notre animatrice, je me sens révolté par l’optimisme béat qui me semble sévir ici. Cela me fait du bien de parler, d’être écouté, d’avoir quelqu’un qui me répond. En fin de compte, devrai-je choisir entre deux attitudes, deux visions du monde, l’une positiviste et l’autre catastrophiste ?
Cet après-midi, nous allons faire un exercice différent. De nous-mêmes et sans fermer les yeux, sans nous allonger dans nos lits, nous allons sortir du bâtiment et marcher dans la nature puis changer de phase, entrer en « 10 », puis en « 12 », jusqu’en « 21 » et observer : que se passe-t-il en nous et autour de nous dans chacun de ces états de conscience ?
Une nouvelle contestation s’élève en moi. Je suis venu ici pour échapper à ce monde, pour sortir de mon corps, pas pour ramener ces états de conscience dans le monde physique : « Explore… Essaie… » me dit ma voix intérieure.
En « 10 » ma démarche change, mon corps est presque langoureux, je ne peux plus lui commander « mon » rythme. Je dois accepter le sien. Finalement, ce n’est pas plus mal !
Vais-je oser aller en « 12 » ? Je devrais me trouver hors de l’espace physique, et effectivement, ma conscience s’élargit. Tout se passe comme si mon corps n’est plus que la pointe du ciel posée sur le sol. Je souris en me souvenant de l’impression qui m’était habituelle en « 12 », l’ouverture du ciel au sommet de la montagne !
En « 15 », au-delà du temps, je m’ouvre et je prends conscience de ce qui m’entoure. Et mon environnement ressemble à un tableau de Magritte. Je le perçois semblable à ces images en trois dimensions pour lesquelles on doit porter des lunettes spéciales. Quelques-uns des autres participants au stage arpentent la prairie, l’un est ici devant un arbre, l’autre là un peu plus bas. Les distances et les contours sont bien délimités, comme cristallisés. Les arbres eux-mêmes ne sont pas tout à fait à leur place, ils se détachent de l’arrière-plan comme si on les en avait découpés. J’ai dans la tête un grand silence. J’entends chaque bruissement de la nature.
En « 21 », comment pourrais-je retrouver cette chère lumière des séances précédentes ? L’expérience est en effet très différente. Les arbres me semblent aussi animés et amicaux que des êtres humains. Je longe une rangée d’arbres et je sursaute lorsque je réalise que je leur donne autant de présence que Tom qui passe justement à côté de moi. Bien qu’immobiles, ils semblent vivre d’une vie dont la qualité vaut bien la nôtre. Cela irait-il jusqu’à pouvoir engager une conversation avec ces arbres ? Mon niveau de NVC (Communication Non-Verbale) n’est probablement pas suffisant.
Un peu plus tard dans l’après-midi, je comprends une image qui m’est venue en réponse à une de mes 5 questions :
Deux cônes de pierre inversés dans un équilibre improbable.
Cette sculpture bizarre aperçue par la fenêtre du bus qui nous amenait au « GATEWAY VOYAGE », deux cônes de pierre inversés et tenus ensemble de manière improbable, incertaine. Finalement, c’est ainsi que je me sens en ce moment. Pourquoi choisir entre positivisme et catastrophisme ? Cet assemblage incertain, c’est ma force, mon énergie.
Après tout, Bob Monroe n’expliquait-il pas hier que la vie terrestre était une sorte d’aliénation ? Il la compare à une drogue. Il parle de « junkies humains qui sont asservis à la terre comme à une drogue » et qui ne peuvent s’empêcher d’y revenir, vie après vie, dans l’espoir d’y trouver enfin les satisfactions qui leur ont échappées dans les vies précédentes.
La question lui est d’ailleurs posée lors de notre dernière rencontre. Robert Monroe dit qu’il a rencontré sur terre, lors de ses explorations dans d’autres états de conscience, quatre ou cinq sortes d’êtres humains.
-Les « explorateurs » ou « enfants », des âmes passées dans le « voisinage » terrestre et, séduites par son animation, ont voulu s’y incarner, pour voir. Une fois une vie vécue, elles se demandent si une deuxième ne serait pas plus intéressante, et puis une troisième. Le mécanisme d’esclavage s’enracine et l’oubli s’installe.
-Les « sauveteurs », qui ne font que passer dans le but d’aider un de ces enfants égarés à « s’en sortir ».
-Les « brebis galeuses », qui ont été envoyées sur terre afin de les exiler de leur « terre » d’origine pour l’une ou l’autre raison, comme autrefois étaient envoyés dans les colonies les fils de famille devenus gênants.
-Des « êtres en fuite », qui sont pourchassés de par l’univers et pour qui le grouillement de la vie sur terre constitue une bonne cachette. Ces êtres seraient sujets à des cauchemars où ils sont pourchassés.
-Les « aides » qui sont venus sur terre pour une mission particulière, individuelle ou collective.
L’un d’entre nous demande alors ce qu’il en est de ces êtres qui vivent sur terre mais ne sont pas mortels. Est-il vrai qu’il en a rencontrés ?
Effectivement, Bob Monroe mentionne la rencontre d’un tel personnage dans un de ses livres. Il nous explique qu’un tel destin doit finalement être très ennuyeux : « Il faut demeurer très discret, disparaître régulièrement car on ne vieillit pas, et l’entourage lui, n’est pas immortel. On ne peut s’attacher à qui que ce soit, c’est finalement beaucoup d’embarras ». « Y en a-t-il beaucoup sur terre ? Bob Monroe fait un geste évasif : « Comment voulez-vous que je le sache ? » semble-t-il dire.
Sommes-nous vraiment en plein conte de fées ? Pour moi, cela confirme ma conception d’une terre plus proche d’une sombre caverne à laquelle nous attachent peurs et aveuglements, qu’à l’évolution inévitable d’un alpha primitif vers un oméga merveilleux, vers des lendemains qui chantent. Deux cônes de pierre en équilibre improbable, étrangers l’un à l’autre en matière et en forme. L’image est furtive, elle échappe déjà à ma mémoire. Où ai-je entrevu cette sculpture ? Entre New-York et Washington ? Le bus repassera-t-il par cet endroit sur le chemin du retour ?
Cette musique discrète, tout juste le bruit du vent l’été.
« Les gens dansent sur la musique. Ce n’est pas la musique qui fait danser les gens », dit Bob Monroe. Et je me dis : « Il ne suffit pas d’entendre de la musique pour savoir danser » ! Mais Bob Monroe est un compositeur bien particulier. Sa musique est discrète, tout juste le bruit du vent l’été, et mon rêve me plaît. Serais-je en train d’apprendre à danser ?
Jean-Paul LEMAIRE, ANVERS Belgique
Source : Revue Intuitions Avril - Juin # 29 1995 (France)